Créé le: 18.06.2024
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Cycle

NouvelleAu-delà 2024

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© 2024-2025 1a Luminarya

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Chapitre 1

1

Rosalia se retrouve prisonnière d'un endroit qu'elle ne connaît pas. Et qui en plus exauce le moindre de ses souhaits ! Que fait-elle là bas ? Qu'est ce que c'est que cet endroit ?
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Lorsque je me réveille, je suis dans une pièce carrée et blanche. Ce blanc n’est pas aveuglant : il est doux, tendre… Il a quelque chose de maternel.

–J’ai soif…

Ma voix est sèche, rocailleuse. Je ne l’avais pas vue, mais il y a une petite table avec une marqueterie de bois ciselée. Dessus, il y a un verre et une carafe, les deux en ce qui paraît être du cristal sans la moindre impureté. Je bois, ce qui me donne faim. Tiens, il y avait des biscuits à la fraise, dans une boîte rose avec un ruban. J’en prends un. Je me tourne : ou s’asseoir ? Je balaye la pièce du regard, aperçoit un gros fauteuil de cuir noir et me pose dessus, emportant un verre et deux gâteaux

Les secondes s’égrènent, d’une lenteur incalculable, et je commence à m’ennuyer. Il n’y aurait pas un livre, une console ou une télé ? Une occupation, quoi… Si ! Juste à côté de la table, il y a une bibliothèque dont les rayons débordent de livres en toutes sortes. Et une télé dernière génération avec un écran énorme, avec une console branchée – celle qui est sortie il y a deux mois. Tout ça n’était pas ici il y a encore un instant. J’attrape un livre, et retourne dans mon fauteuil. Je me sentirai mieux avec un coussin. Un de ceux qui sont posés là, en tas. Pour le coup, je suis sûre et certaine qu’ils n’étaient pas là tout à l’heure. On dirait que chaque fois que j’ai besoin de quelque chose, il apparaît comme par magie. Je vais faire un test !

-Je veux me laver !

Je me tourne sur moi-même : une porte vient d’apparaître dans le mur. Je me précipite vers elle, et tombe sur une autre pièce blanche et carrée. Dans un coin, il y a une douche.

–Je veux un lavabo ! Une baignoire ! Un grand miroir ! Un tapis de bain moelleux ! Des tas de maquillage ! Une brosse à dents ! Dix-neuf tubes de dentifrice ! Une géante plante verte !

Il suffit que je cligne des yeux pour qu’ils apparaissent. La salle de bain est exactement comme je le voulais. Les meubles sont très bien positionnés. Après un instant de réflexion, mes yeux s’embuent lorsque je murmure :

-Je veux un jardin, et dans ce jardin je veux mon père.

Je cours vers la porte d’entrée qui vient d’apparaître dans le salon, et l’ouvre à la volée. J’ai un grand jardin verdoyant bien entretenu. Les fleurs sont resplendissantes, des papillons volettent ça et là, un ruisseau glougloute, un saule ondoie sous la brise… Mais il n’y a personne. Personne.

–Papa ! Papa !

Je passe des heures à hurler. Lorsque finalement je rentre, épuisée, déprimée, je vois quelqu’un dans la cuisine :

-AAAAAAAAAAAAAAAAAH !

Un homme magnifique se tient à l’intérieur. Il a de beaux cheveux noirs, des yeux d’un vert forêt profond et un visage sans la moindre imperfection. Il porte un grand sweat vert foncé oversize, un jean noir, des Jordan vertes et noires, et affiche un sourire radieux. Il est grand, bien plus que moi, et m’a l’air un peu plus vieux. Mon Dieu, je viens de rencontrer l’homme parfait ! Physiquement parlant bien sûr. Et je sens que je peux lui faire confiance. Il s’agenouille et demande :

-Rosalia Forestasia, accepte-tu de m’épouser ?

-Euh…

OK, c’est le mec parfait. Mais bon, je suis pas du genre à aimer au premier regard. Et puis ça se trouve il est pas parfait mentalement.

–Je rigolais. Tu l’as compris : ici, tu peux avoir ce que tu souhaites. Sauf des êtres humains que tu as connus. Il suffit que tu les ai ne serait-ce entraperçu pour que tu ne puisses les voir ici. Et tu ne peux demander d’humains inconnus. C’est pour ça qu’on m’a envoyé ici : je vais te tenir compagnie. Tu es belle, drôle, forte, intelligente, resplendissante, et je suis là pour toi désormais.

Adorable. Mais les psychopathes ça existe. Même dans cette étrange dimension ? Voyons Rosalia, n’oublie pas : se méfier, toujours se méfier. Même des personnes au physique hem… avantageux. Le pot ne fait pas la confiture.

-Hum-hum…

-Je m’appelle Faëlis Jenkinst, et je t’aime.

–OK. Si tu m’aimes, tu dois tout me dire. Et je te demande : où sommes-nous ? Ce n’est pas la Terre n’est-ce pas ? Et puis, pourquoi je suis là ? C’est une blague de John, c’est ça ?

-Je redoutais cette question. Car tu as raison : tu n’es plus sur Terra, mais sur Quatra. Et ce n’est pas une blague de… John.

Il prononce ce nom accompagné d’une grimace dégoûtée. Il n’aime pas mon petit copain, c’est évident.

–Quatra ?

-L’existence est un renouvellement continu. Sache que vous, humains, vivez dans plusieurs mondes. Il y a d’abord Aurore, l’univers originel. Celui dont vous venez tous. Celui où les âmes sont créées. Le début. C’est le seul monde où on ne passe qu’une seule fois. Et ce qui est crée là-bas – dans le plus grand secret – est immuable. Ensuite, vient Décision, le deuxième monde. Celui des naissances. Pourquoi Décision alors ? Les bébés ne choisissent pas quand ils vont naître. Et bien, si. Enfin, pas out à fait. Sache que cela fait plusieurs centaines d’années que la Terre n’a pas vu de nouvelles âmes. Oui, cela veut dire que tous les génies sont réapparus plusieurs fois. Tu veux des exemples ? Homère est Victor Hugo, Robespierre est Adolf Hitler. Après Décision vient Terra. C’est là où l’on vit la « vraie » vie. Puis, lorsqu’on meurt sur Terra, on arrive ici, à Quatra. Tu pourras vivre ici autant que tu voudras. Puis, tu iras à Décision, dans l’attente d’un corps. Moi, je suis un Quinquiste. Je viens de Quinque, et je suis chargé, comme mes pairs, de veiller sur les quatre mondes humains.

–Waouh. OK. Donc je suis morte. Et il existe des espèces de super créatures dans le monde.

–Dans LES mondes. Et ce n’est que ta douzième mort. J’espère que, tant que nous vivrons ensemble, tu seras heureuse.

-Genre on va vivre ensemble.

-Je l’espère bien. De toute façon tu n’as pas le choix, c’est moi ou la solitude.

-Bienvenue Faëlis !

~

-Tu es sûre ?                                                                                                                   Faëlis est inquiet. Triste. Trahi. Mais il m’aime et sait aussi que c’est le mieux pour moi.

-Oui. C’est ma décision. Je pars pour une autre vie. Je laisse l’ancienne pour une nouvelle.

–Tu oublieras tout de Rosalia Forestasia.                                                                              –Pour redevenir meilleure encore.

–Tu m’oublieras, sa voix se brise, Tu nous oublieras.

-D’ailleurs, je me suis toujours demandé comment…

-Renversée par une voiture le 14 juillet. Les secours ne sont pas arrivés à temps…

-Merci.

Il est triste. Mais, il me l’a confié, il a l’habitude. Cela fait onze fois. Onze fois que, pour quelques dizaines d’années, je le laisse tomber. Mais il ne comprends pas qu’au bout de cent cinquante-sept ans ensemble, j’ai besoin de voir d’autres personnes.

–Tu sauras me retrouver, comme toujours. Je suis désolée, mais Décision m’appelle… Sache cependant que Rosalia Forestasia n’a jamais cessé de t’aimer depuis cent cinquante-six ans.

-Je comprends. Pour la douzième fois, je comprends. Et, pour la treizième fois, je te retrouverai.

~

-Bonjour. Excusez-moi, vous êtes Rosalia Forestasia ? demande une splendide Quinquiste brune et sculpturale qui se dirige vers moi.

-Oui, c’est moi.

–Un corps vous a été trouvé. Il s’agit d’un certain…

-Je le prends !

Elle pince les lèvres, offensée d’avoir été coupée. Les Quinquistes sont si pointilleux. Et ils se vexent si facilement… Néanmoins, elle reprend, dès qu’elle sûre que j’ai compris que mon acte lui a profondément déplu.

-Fantastique. Mangez-ça, dit-elle en me tenant une fraise Tagada, j’ai ouïe dire que c’était votre friandise préférée.

Les yeux embués, je remercie Faëlis et gobe le bonbon, disant adieu à Rosalia Forestasia.

~

-C’est un garçon !

-Bonjour, toi, mon petit Félix…

Lumière blanche. Aveuglante. Agressive. Pas comme celle de Quatra…

-Père ! Je suis père !

-Et pas de n’importe qui : de Félix Kügeln ! Un très beau bébé, assurément brillant.

L’homme et la femme sont heureux. Je  crois qu’ils sont mes parents. Mes parents sont heureux. Mais ce ne sont pas mes parents ! Rosalia, Faëlis… Cela s’efface. Ma vie et ma non-vie s’effacent. Je pleure. Rosalia ! Faëlis ! Ne vous en allez pas ! Rosalia ! De quoi je parlais déjà ? Je pleure plus fort. J’ai oublié… Pourtant, c’était important, j’en suis sûr !

~

-Dit Maman, Papi Félix il va mourir ?

Le petit garçon regarde le vieux corps allongé de son grand-père, les yeux fermés, parcourut de tuyaux, qui est étendu sur le lit.

-Je sais pas Jayson chéri. Je n’espère pas.

-Moi aussi ! Mais dit maman il ira ou si il meurt Papi Félix ?

-Personne ne sait, mon Jayson chér… Papa ! Papa !

Sous les yeux de Mélodie Kügeln et de son fils Jayson Smith, le graphique montrant les battement de cœur de Félix Kügeln, père et grand-père, changea de manière inquiétante. Puis, tout simplement, il s’arrêta. Félix Kügeln venait de mourir.

-Papi ? Papi ?

L’enfant s’approcha du lit, et attrapa la main de son grand-père. Elle était vieille, parcheminée, dans sa main douce et jeune d’enfant. Il tapota le bras de son grand-père. Voyant qu’il ne se réveillait pas, il le secoua plus violemment, et les larmes commencèrent à couler. Plus l’enfant tentait de réveiller son grand-père, plus des torrents de pleurs coulaient de ses yeux bleus.

-Papi est parti, Jayson. Pour toujours.

Si elle disait cela, c’était plus pour se convaincre elle-même. Et lorsque, enfin, elle enregistra la nouvelle, Mélodie Kügeln, femme d’affaires en costard violet, toujours bien coiffée et tirée à quatre épingles, la quarantaine, vraie pivot de son entreprise, femme et mère de deux enfants, peut-être trois, fondit en larmes. Le violet et le bleu de ses costumes allaient laisser leur place au noir. Son père était mort. A jamais.

~

Une femme magnifique se tient à l’intérieur. Elle a de beaux cheveux noirs, des yeux d’un vert forêt profond et un visage sans la moindre imperfection. Elle porte une jolie robe d’été verte et noire, des Jordan assorties, et affiche un sourire radieux. Elle est petite, bien plus que moi, et m’a l’air un peu plus vieille. Mon Dieu, je viens de rencontrer la femme parfaite ! Derrière ma Cassidy bien sûr. Personne n’est aussi incroyable que Cassidy. Et il faut toujours se méfier des gens aux physique aussi avantageux. Le pot ne fait pas la confiture. Cependant, je ne sais pas pourquoi mais je sens que je peux lui faire confiance. Elle s’agenouille et demande :

-Félix Kügeln, je suis Faëlis Forestasia. Accepte-tu de m’épouser ?

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