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Chapitre 1

1

Je t’écris aujourd’hui cette lettre sanglante. Je t’ai aimée, auparavant. J’ai cru en toi. Aujourd’hui, tu me dégoutes. Pourtant, au fond de moi, je continue à croire que tu possèdes une face de bonté. Un reflet de ta beauté, de te créativité et de tes capacités, qui pourrait tout changer. Tout.
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Il est temps de te résonner, de te secouer.
Tu as entre tes mains le destin de notre espèce, l’Homo sapiens.
Non, je dirais plutôt l’Homo consomericus.
Celui qui veut toujours plus,
Qui a perdu l’instinct de l’existence, ses ressentis.
Ses besoins lui sont flous et artificiels,
Il ne sait pas ce qu’il fait, ici, sur cette sphère bleue et verte,
Explosion de diversité
Et de beauté,
Pauvre nature domestiquée,
Qui se bat, ne cède pas.

Oui, toi, qui me lis,
Tu peux choisir le sort de cette espèce.
Une réalité : la planète est forte et survivra.
Un tort : l’Homme assoifé gagnera.
Soif d’argent et de pouvoir. Toi qui sais, qui comprends,
Pourquoi n’écoutes-tu pas la Nature ?
Nature effrayée, outrée,
Démunie face à l’idiotie et la naïveté des Hommes
Si petits.

Elle répond pourtant, à nos actions.
Elle réagit,
il fait chaud.
Elle s’exprime,
Catastrophes naturelles.
Elle tente d’équilibrer,
Extinctions.
Elle crie,
Pandémies.
Elle hurle,
En un long cri de pluie, de chaleur, de grêle
Et de vents.
Une tornade d’alerte. Alarme
Perçante et aiguë comme annonce d’état d’urgence.
La Nature est en état d’urgence.
Elle attend une réaction adéquate :
Affolements, peur, décisions, résignation
De l’Homme pour protéger sa propre Mère.

Et que fais-tu ? N’entends-tu pas
Ce cri glacial ?
Ce cri de flammes ? Ou
Te bouches-tu les oreilles ?
Pointe de culpabilité ? Non. C’est bien le problème.
Comment ? Face à tant de réalités.

Toi, animal, oui,
Animal. Rabaissement, dis-tu ? Quelle arrogance,
La Nature te fournit depuis des années
Tes réserves, tes matières, tes repas, un équilibre
Dont tu n’es même pas conscient.
Et tu oses l’utiliser. La couper, la vider, la manger.
Quelles propriétés te permettent cette arrogance,
Ce non-respect, cette indifférence ?
Elle te donne, tu prends, tu jettes, en retour, ne rends
Rien. Seul animal qui ne donne rien.
Étrange. Une seule réponse, la supériorité,
En aucun cas argumentée. Animal.
Animal comme les autres. Tes confrères sont les chiens, les chats,
Mais aussi les vaches, les rhinocéros,
Les poissons, les cochons,
Les poules et les papillons.
Que leur infliges-tu ? Réfléchis-y.

Entassés, écrasés les uns contre les autres,
Ils vivent comme des pauvres, survivent maladies
Après maladies.
Pandémie ? Je ne suis pas surprise.
Séparés de leur petits, avec comme seule attente dans leur vie
La mort.
L’industrie les convoite comme des biens matériaux,
Sans valeurs. Une vie n’a-t-elle pas de valeurs ?
Réféchis-y.

Dans la jungle, les forêts, les savanes
Et la mer,
L’Homme ne fait le poids. Il sait qu’il est impuissant,
Plus faible. Et pourtant,
Il empiète, il coupe, il construit
Sa propre vie pour son propre confort.
Plus n’est jamais assez. Mieux n’est jamais assez.
Quantité, qualité, toujours plus. Et où vont les autres qui ont toujours moins ?
Réfléchis-y.

Les extinctions s’accumulent, les équilibres disparaissent.
Mère Nature, elle, sait équilibrer, diriger. Mais comment faire
Avec une espèce qui ne respecte pas les règles.
Chaînes alimentaires rompues, cycles naturels déboussolés, par la seule espèce
Qui se vante de savoir ce qu’est la boussole.
Le savoir pour de mauvaises utilités. Très dangereux.
Et alors, en empiétant, tout se mélange. Les liquides avec les solides,
Les produits chimiques avec la Nature,
Les objets industriels avec l’Organique,
Les espèces avec les autres espèces.
L’Homme civilisé, fragile, avec la Nature sauvage,
Puissante.
Pandémies ? Je ne suis pas surprise.
On ne peut pas tout mélanger, tout détruire.
On ne peut pas agir comme invincible,
Alors qu’on ne l’est pas.
La Nature, affaiblie, se bat et se défend,
Contre l’Homme.
Le sort s’acharne contre nous, je ne suis pas étonnée ;
La Nature a son mot à dire.

Aujourd’hui il fait chaud. Demain
Il fait froid. Puis il grêle, éclairs dans l’après-midi
Déjà. Dérèglement, changement ou réchauffement,
Tout ces mots pour ne définir qu’un même phénomène.
Tu es responsable. Pourquoi ?
Pourquoi veux-tu toujours plus ? Est-ce nécessaire ?
Réfléchis-y.
S’il-te-plaît, songe. Toi, seul animal du langage,
Utilise tes capacités à bon escient.
Tu sens, tu vois les changements, et que fais-tu ?
Tu ne veux pas changer
Tes habitudes. Habitudes sotes, bien trop exigeantes pour respecter ton entourage.
Sois heureux, en accord avec la Nature. Aucun bonheur matériel, un bonheur
Spirituel.
L’Esprit de l’Homme, si riche, joyau de la Nature, doit respecter
Sa propre créatrice.
Réféchis-y.

Et c’est là, le comble ; même de tes frères homo sapiens,
Tu en ris. Tu les exploites, tu les maltraites, pourquoi ?
Pour être toujours plus riche,
Le plus riche, seul
En haut de la hiérarchie.
L’Homme est devenu égoïste, narcissique, fourbe. Loin de l’ancienne
Sagesse qui lui était si chère. Vouloir être toujours plus
Puissant, en laissant les plus faibles
Souffrir. Une triste réalité,
Bien réelle. La méchanceté de l’Homme.
Mais tu as besoin de tous, tu ne le comprendras
Que trop tard.
Le pire ne sont pas les actes, mais le manque de
Culpabilité. L’esclavage existe,
Toujours et encore. En 2021,
Est-ce normal ?
Aucune compassion, on passe par-dessus. On essaie
De ne pas y penser. Ne voir
Que le Beau. Cacher sous un vieux tapis
Le Mal. Le mal infligé pour en arrivé là.
Les privilégiés sont privilégiés.
Les plus fragiles restent fragiles.
Loi de la Nature ? Elle n’existe plus
Depuis longtemps, sur notre planète.
Car face à la domination animale, la puissance de
Consommation, qui l’emporte. Haut la main.
La question que je me pose aujourd’hui :
L’Homme n’accepte-il pas les faits ou est-il juste
Un monstre ? Cruel, sans pitié, qui ne voit qu’une chose :
Lui-même. Qui ne sent qu’une chose :
La volonté de puissance, but de toute pulsion ?
Accroître sa puissance est humain, dit Nietzsche, mais
La solidarité n’est-elle pas humaine,
Aussi ? Un équilibre à trouver.
A retrouver.

Donc, s’il-te-plaît, prends les bonnes décisions,
Suis la bonne direction. Seule toi,
Qui te reconnaît, peut choisir le futur
De tous les habitants de cette sphère.
Car avec le temps, tu as oublié. Oublié que sans tes frères,
Tout ces frères, tu ne serais
Rien. Tu n’es qu’une petite pièce d’une immense machine.
La machine de la vie. Celle qui te nourrit, qui t’habille, qui t’enrichit,
Qui est à ta merci. Alors maintenant, réagis et
Réfléchis-y, toi, cette société d’Homo consomericus,
Ma pire ennemie.

Commentaires (2)

Po

Poissonrouge
17.09.2021

Bonjour, Merci pour ce commentaire, ça me fait plaisir car c’est la première fois que je publie quelque chose. Je suis convaincue que la littérature est un réel moyen de faire passer les messages importants, et que la science n’a pas de poids sans les mots qui lui permettent de toucher la société.

Thomas Poussard
17.09.2021

Merci pour ce texte écologiste qui contraste avec les récits égocentrés (je m'inclue dans cette catégorie) de ce concours. La salvation arrivera-t-elle par la littérature ?

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