L’imaginal, néologisme du philosophe français Henri Corbin, est une zone intermédiaire entre le monde sensible et le monde intelligible, où vivent des êtres qui attendent que nous les imaginions pour venir au monde. Les Animaginaux font partie du monde imaginal. Ils attendent patiemment que vous les rêviez.
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Dans un des nombreux mythes perdus de la Grèce antique, l’illunmnénos (ιλλυμνηνoς) est un animal qui possède la particularité de faire croire à un être humain n’importe quelle idée, aussi incroyable que cette dernière puisse paraître au premier abord, simplement en le regardant dans les yeux. Les chroniques oubliées racontent que des hommes sous l’emprise du regard de l’ιλλυμνηνoς sont autrefois partis faire la guerre, massacrant et pillant leurs voisins sans même se demander pourquoi ils agissaient de la sorte. Des légendes plus proches de nous, chantent, qu’il fut une époque au cours de laquelle des êtres humains, totalement soumis au charme de cet animal onirique, pensaient se protéger de maladies microscopiques invisibles à l’œil nu, en érigeant des parois transparentes entre eux ou en se promenant avec une serviette collée sur la bouche.

L’ιλλυμνηνoς faisant partie des animaux des miroirs, nous ne le croisons jamais dans le monde dans lequel nous vivons. Nos seules rencontres possibles avec lui se produisent lorsque nous regardons le verre teinté au mercure : si le reflet que nous renvoie le morceau de vitre n’est pas le nôtre et que nous reconnaissons la forme de l’ιλλυμνηνoς, alors il ne faut surtout pas regarder l’animal dans les yeux, faute de quoi nous tomberions sous son charme et accomplirions ou encouragerions ensuite les actes liés aux croyances qu’il nous aura transmises.

Il est également dit que si quelqu’un écrit à propos de l’ιλλυμνηνoς , il doit veiller à ne jamais couper son nom, sans quoi l’ιλλυμνηνoς viendra la nuit, en rêve, lui demander réparation.