Créé le: 02.06.2015
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Fils de la Terre, fils du Vent

Nouvelle

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Ma mère la Terre

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Je suis ce qu'ils ont fait de moi. Je suis Terre, douceur, chaleur, réconfort, force, amour et espérance. Je suis Vent, froideur, haine, colère, rage, noirceur et dégoût.
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Petit, je savais déjà que tu serais toujours là pour me couvrir, me border, ton manteau fait de tourbe et d’amour. Et lorsque mes larmes coulaient sur toi, tu faisais pousser et fleurir des champs de coquelicots afin de me redonner le sourire. Ma Terre, mon tout. Tu as fait lever de vastes forêts d’arbres gigantesques et forts sur lesquels je puisse m’appuyer, tu m’as ouvert des chemins lorsque le parcours semblait impossible. Déclenché des séismes sur quiconque osait s’en prendre à moi, ton fils.

 

Tu as recouvert d’une douce mousse verdoyante mes blessures, tu les as pansés. Protégé mon corps par la boue afin que les brûlures mesquines de malfaisants ne m’atteignent. Enrobé mon visage d’argile afin que le temps n’efface pas mes sourires. Ma mère, ma Terre, mon tout.

 

Tu t’es faite aride pour assécher ma douleur. Tu t’es faite humide en recueillant mes pleurs. Tu t’es faite incommensurable tant ton amour de mère est grand et petite île distante afin de me voir prospérer de loin, évidemment.

 

Tu as nourri Amalthée afin qu’elle m’offre sa corne d’abondance. Tu m’as mené au pied d’un arc-en-ciel pour m’offrir un trésor. Mais il y a bien longtemps que j’ai compris. J’ai compris que ce trésor c’était toi. Toi que je chéris et que j’aimerai au delà de tout. Toi ma mère, toi ma Terre, toi mon tout.

Mon père le Vent

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Je t’ai tant aimé, petit. Tant admiré. Tant souhaité ton souffle réconfortant à mes côtés. Tant espéré que ta brise m’emporterait et m’élèverait au plus haut. Je priais pour qu’un matin tu ne changes à jamais. Que toi mon père, toi le Vent, tu m’offres de la douceur, de la chaleur, que tu balayes certains de mes obstacles, que tu deviennes impitoyable contre les éléments, que tu luttes pour moi et non contre moi.

 

Cause perdue. Toute ma vie, je n’ai eu de toi que du mistral, de la tramontane. Tu as déchaîné des milliers de tempêtes qui se sont toutes abattues sur moi les unes après les autres. Tu as crée des orages qui ont dévasté mon cœur. Mon amour pour toi, tu l’as déraciné, soufflé.

 

Tu t’es fait tornade violente et brutale. Tu t’es fait typhon me noyant dans des eaux noires et profondes. Dans lesquelles, pour m’en sortir, je me suis résigné à engloutir tes mots. Mes maux que tes mots. Des ouragans de venin sortant de ta bouche. Des cyclones acérés et bien ciblés qui ont fait toujours “mouche”.

 

Mais malgré toutes tes tentatives, cher père, cher Vent, tu ne réussiras jamais à m’effacer. Ta froideur m’a endurci tel un roc. Un roc contre qui tu n’y peux rien. Un roc qui s’alimente de sa haine pour toi et de son amour pour sa mère, la Terre.

Mixité

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Je suis fils de la Terre, fils du Vent.
Je donne ce que j’ai reçu. Je suis Terre pour ceux que j’aime, je suis Vent pour ceux qui me gangrènent. Malgré moi, je n’ai pas absorbé que les bons côtés. Je suis aimant, investi, empathique et il paraît même sympathique ! Mais…

 

De temps à autres, je peux être colérique, sombre, dévastateur. Mes armes, mes mots. C’est que j’ai eu un bon maître ! J’ai été forcé, bien tôt et indépendamment de ma volonté, de trouver les failles chez les autres. Des failles que j’observe, que j’enregistre, que je classe dans les nombreux tiroirs de ma tête. Je n’ouvre jamais ces tiroirs quand on me veut du bien. Mais gare à ceux qui me blessent…

 

Dès lors, je me sers de leurs propres points faibles afin de les anéantir en quelques phrases. Je ne rends pas « coup pour coup” mais je triple la mise.
Par contre, les gens que j’aime et qui me le rendent bien ont gagné au loto avec moi !
Je suis fidèle, protecteur, doux et serviable. Je suis comme ma mère, bienveillant.

 

Finalement, je me fais Terre au quotidien car c’est dans ma nature mais le Vent, que je maîtrise maintenant mieux que mon père, est enfermé et scellé en moi à tout jamais. Prêt à surgir là où il faut et quand il faut.

Époux de l’Eau

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Il faut bien de la flotte dans cette histoire ! Petit topo explicatif de mon épouse, l’Eau.
Douce comme une plage méditerranéenne, avec elle j’ai pied et me sens en confiance. Elle m’apaise, elle rafraîchit mes journées et sa joie me rappelle les petites vagues qui viennent vous chatouiller la taille. Elle a des yeux marins d’ailleurs.

 

Soudain, l’eau calme se chamboule et se métamorphose en rouleaux. Dans ces moments-là, j’ai plutôt intérêt à avoir ma planche de surf ! Faut se méfier de l’eau qui dort comme on dit. La Méditerranée vire en Atlantique et l’humeur avec ! Pas grave, j’ai toujours été bon nageur…

 

Elle se préoccupe de mon bien-être. De son Eau, elle tranquillise mes inquiétudes. Elle étanche ma soif de tendresse. Elle me fait naviguer dans le bonheur. Un océan d’amour à elle toute seule. C’est contradictoire mais sans elle, je me noie.

 

Tantôt constante, tantôt le contraire, elle s’écoule dans ma vie, dans mon côté Terre. Et même lorsque parfois une légère bise glaciale émane de mon âme, elle ne dure guère longtemps face à elle. La bise finit par laisser place à l’alizé, submergeant mon existence de légèreté.

Parents du Feu

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Un jour futur, du moins je l’espère, nous mettrons au monde le Feu.
Je le souhaite ardant et combatif. Je l’espère chaleureux et réconfortant. Je suppose que parfois nous aurons beaucoup à faire à le maintenir et le maîtriser ! Mais quelques gouttes de ma femme l’Eau, quelques poignées de Terre ou bien un Vent doux et calme de mon côté, suffiront à le ralentir afin qu’il ne se consume trop tôt.

 

Le soir, tandis que son berceau valsera dans les eaux sereines de sa mère, je lui soufflerai des contes féeriques à ses oreilles puis il s’assoupira, sans faire mourir ses braises, afin qu’il reprenne sa plus belle intensité de beau matin.

 

A ce moment précis de ma vie, je deviendrai pleinement le Vent. Pleinement le père. Celui que j’ai tant voulu avoir, celui que je n’ai jamais eu. Et mon souffle servira à le défendre et non à l’éteindre. Et ma force, ma rage se voueront à lutter pour lui et non à son encontre. Et je sifflerai pour le faire rire et ferait chanter les feuilles des arbres pour lui dire “Je t’aime”. Oui je t’aime déjà. Toi qui n’est pas encore là. Toi le Feu. Toi mon enfant.

Le cinquième Élément

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Non je ne vais pas parler du film de Luc Besson. Toutefois…
Je suis assez d’accord sur le fait que s’il devait y exister un cinquième, ce serait incontestablement : l’Amour. Pas un amour bien spécifique mais plutôt celui qui est inconditionnel. Celui qui devrait habiter en chacun de nous pleinement et qui, en ces temps, fait cruellement défaut à l’humanité.

 

Amour de toute forme de vie, amour de la nature, amour des gens, amour des amis, amour d’un chat, amour de la vision d’une plante, de la musique et que sais-je ! Il y a tant de choses à aimer….
Les gens ne savent plus aimer ou, du moins, ne prennent plus le temps de le faire correctement, de le faire tout court.

 

Aimer regarder un couple de grands-parents qui s’aiment comme au premier jour. Aimer le soleil sur la peau posé sur une terrasse. Aimer les autres aussi dans les mauvais moments car dans les bons c’est bien trop simple. Aimer regarder les vaches dans un champ. Aimer l’odeur de l’herbe fraîchement coupée. Aimer entendre le rire d’un enfant qui regarde un chien. Aimer sa famille. Aimer son enfant.
Aimer tomber amoureux et l’être encore et toujours. Aimer fumer une cigarette (l’abus du tabac est mauvais pour la santé !). Aimer voir un juif et un arabe chanter ensemble.

 

Aimer bordel de merde ! AIMER !!!

 

© 2015 Aydan

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