a a a

© 2022-2024 Insipid

© 2022-2024 Insipid

Derrière mes paupières closes d'enfant se profile un désert plat et sans relief. Un désert gris dans la nuit noire.
Reprendre la lecture

Depuis toute petite j’ai le mal en moi. La nuit, seule dans mon lit, je rêvais, souvent. Mais mes songes ne reflétaient pas les couleurs de l’enfance. Étrangement, ils étaient vêtus de noir, de gris et de blanc. Et surtout, ils me terrorisaient.

 

***

 

Je me tiens debout dans l’immensité d’un désert plat et sans relief. Un désert gris dans la nuit noire. En face de moi la lune, au loin, suspendue à quelques mètres au-dessus de l’horizon linéaire. Semblant à la fois figée dans le ciel obscur et prête à se décrocher à tout moment. On dirait qu’elle me regarde. Je perçois sa lourdeur menaçante en dépit de sa blancheur éclatante. Je la regarde aussi. Et plus on s’observe mutuellement, plus le silence s’installe. Plus il grandit. Un calme désertique qui se fait de plus en plus assourdissant.

 

Quand soudain, un vide se créé et je tombe dedans.

 

Ça y est, la lune m’aspire vers elle. Je suis comme attirée par un aimant tout-puissant. J’ai la sensation que mon esprit, magnétisé par ce regard lunaire, sort de mon corps pour la rejoindre.

 

Un abîme sidéral qui s’ouvre peu à peu et je plonge dedans.

 

Le silence m’écrase à l’infini. Je suis sourde et je souffre physiquement comme broyée de l’intérieur. Tout mon être ploie sous la force incommensurable de l’immensité et son implacable pesanteur.

 

Mon essence qui s’écoule et moi qui me noie dedans.

 

C’est alors que mon champ de vision se distord, laissant le paysage se froisser comme une vulgaire feuille de papier. Les traits horizontaux d’auparavant ne sont plus harmonieux pour autant. Le désert éclate ; mon âme déjà aspirée.

 

Je ne suis plus rien.

 

***

 

Mais je suis encore là.

 

Et lorsque l’insupportable silence atteint son paroxysme, mes oreilles se mettent à siffler – d’une note que je peux encore aujourd’hui entendre – et je me rends compte que je suis toujours capable de penser. Je me mets à hurler, à lutter pour surmonter la douleur et remonter à la surface. À tout prix je cherche l’issue de ce rêve pour ouvrir la bouche et enfin respirer.

 

 

 

Commentaires (0)

Cette histoire ne comporte aucun commentaire.

Laisser un commentaire

Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire